L'épectase
ou la mort pendant l'orgasme
Page mise à jour le 17/08/2012

 

L'orgasme est parfois qualifié de petite mort... il arrive parfois qu'il s'accompagne d'une vraie mort !

Plusieurs cas sont restés célèbres

 

Décès par épectase
 

Le pape Paul II

Né en 1417, mort en 1471. Evêque à 23 ans, élu pape en 1464 "par surprise". Il est à l'origine de la couleur pourpre des cardinaux. Autoritaire, fêtard et ouvertement homosexuel. Mort en se faisant sodomiser par un jeune page (ou vice-versa, en fait on ne sait pas bien). La version officielle parle d'indigestion de melons, (on a ensuite suggéré qu'ils aient pu être empoisonnés.) On parle aussi de mort par apoplexie (aujourd'hui on dit AVC) mais sans toujours préciser s'il était seul et ce qu'il faisait.
 

Le pape Pie IV

Né en 1499, élu pape en 1559 après une élection difficile (quatre mois de conclave, malgré qu'il ait été le dauphin de son prédécesseur (qui l'avait nommé cardinal pour cette raison) et malgré les achats de voix et autres combines)
Ce pape manifesta pendant son cours pontificat (6 ans) une hypocrisie à peine croyable :
Il réaffirma solennellement que les prêtres devaient rester célibataires et s'abstenir de toutes relations sexuelles. Pie IV tint à montrer l'exemple lui-même en devenant le père de trois enfants naturels et en fréquentant les plus belles courtisanes de Rome notamment la pulpeuse Elvira Cagliari.
Il déclara s'intéresser aux arts... notamment en faisant peindre des culottes pour masquer les quéquettes de la Chapelle Sixtine.

Le 8 décembre 1565, Pie IV fait une petite fête avec quelques cardinaux, quelques princes, et quelques accortes courtisanes. Les mets sont succulents, le vin coule à flot et les cuisses sont légères. Au dessert tout le monde est à poil ou presque. A l'extérieur une tempête de neige glaciale tombe sur la nuit romaine. Le pape (de santé fragile) saisi d'un besoin urgent et naturel, ouvre les fenêtres de la salle d'honneur dans laquelle se déroulait l'orgie et s'en va sur le balcon accomplir sa miction papale.

Trois heures après la fièvre monte, c'est probablement une congestion pulmonaire. Les convives se sont retirés à l'exception d'Elvira Cagliari, sa courtisane favorite. Qui d'elle ou du pape a eu alors l'idée qu'un contact charnel pouvait avoir raison de cette mauvaise fièvre, nous ne le saurons jamais, car c'est le contraire qui se produit, le coït fut fatal et Pie IV en mourut.

Pie IV mourut donc d'épectase, mais la pudeur des biographes fit que pendant très longtemps (et encore aujourd'hui dans certaines sphères(1)) on ne retient du motif de sa mort que la "mauvaise fièvre" ou alors on n'en parle pas.(2)

En revanche, on n'est pas sûr de l'existence de cette Elvira, il est en effet possible que le ce personnage, du moins son identité, n'ait été inventé que pour les besoins d'un projet de film qui n'a jamais vu le jour. (Elvira et le pape). Un infographiste s'est amusé à représenter Elvira sous les traits de Paris Hilton, c'est assez réussi, et vous pourrez l'admirer en cliquant sur cette miniature afin de l'agrandir.


Le président de la république Félix Faure


Marguerite Steinheil. (1869-1954),

Félix Faure (1841-1899) fut élu président de la république en 1895. Coureur de jupons, amateur du beau sexe et doté d'un énorme appétit sexuel (il buvait régulièrement un verre d’aphrodisiaque à base de quinquina, histoire de se maintenir en forme), il s'organisait régulièrement des parties de jambe en l’air à l’Elysée, en toute discrétion dans l’intimité d’une toute petite pièce. On le retrouva un jour sans connaissance, les mains agrippées dans la chevelure de l'une de ses maîtresses, Marguerite Steinheil. (1869-1954), une semi mondaine (comme on disait à l'époque), complètement nue et criant de stupeur. Pour la libérer de son amant défunt, il fallu lui couper quelques mèches de cheveux, après quoi on lui demanda de se rhabiller et de sortir par une porte dérobée, laissant le médecin du président et semble-t-il un curé faire ce qu'il leur restait à faire, c'est à dire plus grand chose !.
S'en suivit ce dialogue resté célèbre où le curé (à moins que ce soit le médecin) demanda  :
- "Le Président a-t-il encore sa connaissance ?",
et où un domestique aurait répondu
- "Non, Monsieur, on l'a fait sortir par la porte dérobée."
Un alexandrin coquin est attribué de façon apocryphe à Félix Faure : Déjà la vie me quitte, et la douce mort m'habite !
Georges Clemenceau qui n'aimait pas trop le président aurait déclaré à propos de la mort de ce dernier : "Il voulut être César et il est mort Pompée"
Quant à Marguerite elle hérita du sobriquet peu galant de "La pompe funèbre"
 

Le cardinal et académicien Jean Daniélou

Jean Daniélou (1905-1974) Ordonné prêtre en 1938, titulaire d'une chaire d'histoire du christianisme ancien à l'Institut catholique de Paris. Participe en tant qu'expert au concile Vatican II. Devient cardinal en 1969 et académicien en 1972.
Comme tout les théologiens, il nous a pondu des curiosités amusantes, genre "Seul Dieu peut nous introduire dans le mystère de Dieu."
En ce qui le concerne, c'est rue du Ponceau qu'il s'introduisit et qu'il décéda d'épectase, en 1974. Cette rue, perpendiculaire à la rue St Denis reste encore aujourd'hui un haut lieu de la prostitution dite bourgeoise. Le cardinal fut rhabillé à la hâte, puis une version officielle vit le jour, celle où le dit cardinal ne serait monté avec la petite dame (Mimi) que pour la confesser... Ce qui fit rigoler tout le monde ! Les amis et proches de Daniélou n'avaient pas compris que ce n'était pas le fait de vouloir vivre sa sexualité qu'on lui reprochait, mais son hypocrisie.
Dans une autre version qui ne change pas les circonstances de sa mort, Daniélou serait décédé rue Dulong dans le 17éme. Le "Canard Enchaîné" de l'époque en releva les circonstances. Ce journal fait probablement l’erreur de prendre cette adresse comme étant le lieu fatal. (et la faute professionnelle de révéler publiquement cette adresse, ainsi que l'identité et le pseudo de la jeune femme qui harcelée de toute part fut très vite obligée de se cacher, puis de déménager). En fait, Daniélou est bien décédé rue du Ponceau dans le studio de passe d'une professionnelle dont le domicile privé était situé rue Dulong... Au grand étonnement du voisinage, son appartement subit pendant plusieurs jours un véritable défilé d'ecclésiastiques de haut rang usant de pressions diverses sur la demoiselle afin que la vérité ne se fasse pas jour. (pour être complet il existe une version "cousine" (mais inexacte) selon laquelle Daniélou serait bien mort rue Dulong, mais qui tient à préciser que la compagne charnelle de sa dernière heure exerçait bien rue du Ponceau de façon habituelle) (3)

 

Charles Béraudier

(1920-1988), député du Rhône (1959-1962). Adjoint au maire de la ville de Lyon de (1957-1988). Président du Conseil régional de Rhône-Alpes (1981-1988).
Le lieu de son malaise mortel aurait été arrangé par "correction" : dans la rue au lieu de la chambre d'une prostituée (source ). Le maire de Lyon de l'époque, Francisque Collomb (droite) indiquant pour sa part que l'homme serait quasiment mort dans ses bras ! (sic)

 

Sani Abacha

Sani Abacha (1943-1998). Ce général nigérian fut dictateur de son pays de 1993 à 1998. Epectase ou empoisonnement ? Toujours est-il que la nuit de sa mort il était en compagnie de six jeunes prostituées indiennes "importées" de Dubaï.

 

Accident érotique

 

Louis Henri de Bourbon-Condé (1756-1830), on le découvrit un jour pendu par deux deux mouchoirs noués à l'espagnolette d'une fenêtre. Le problème c'est que ses pieds touchaient terre ! On parla de suicide, de crime... en fait il s'agissait d'un jeu érotique qu'il pratiquait avec sa maîtresse, Sophie Dawes, baronne de Feuchères, et qui ce jour-là tourna tragiquement.

 

Suicides érotiques

 

Frantisek Kotzwara (1730-1791) compositeur et guitariste tchèque mort dans les bras de Susannah Hill, une prostituée londonienne. Après avoir dîné ensemble, lui demande de lui couper les testicules, ce qu'elle refuse. Il fera alors l'amour avec une corde autour du cou reliée à une poignée de porte, et décédera en plein orgasme. Susannah fut inculpé de meurtre mais acquittée.

 

Kichizo Ishida (v1894-1936) Ce japonais connu une célébrité posthume après son meurtre rituel par sa maîtresse Sada Abe, (1905-après 1970) ancienne geisha et prostituée. Elle tua sa victime consentante par asphyxie érotique et lui coupa les parties génitales qu'elle conserva dans son sac plusieurs jours. Condamnée pour "meurtre et détérioration de cadavre" à six ans d'emprisonnement. Elle ne regretta pas son geste et était rayonnante de bonheur au moment de son arrestation. Pendant son procès elle expliqua que cette affaire était une histoire d'amour fou. Le film "L'Empire des sens" (Nagisa Oshima, 1976) s'inspire de cette histoire.

 

Décès en solitaire pendant l'orgasme

 

- Le dessinateur américain de BD underground Vaughn Bodé (1941-1975) : Asphixiophilie (accident plutôt que suicide ?)
- Le parlementaire et journaliste britannique Stephen Milligan (1948-1994) retrouvé mort chez lui en dessous féminin, étranglé avec du fil électrique.
- Michael Hutchence, (1960-1997) chanteur du groupe australien INXS, retrouvé étranglé avec sa ceinture (quoiqu'on parle plus volontiers dans son cas de suicide que d'accident)
- L'acteur américain David Carradine (1936-2009)  Il n'est pas mort de "masturbation", mais des conséquences des conditions dans lequel il le faisait (utilisation de cordes)
- Kristian Digby, (1977-2010) présentateur vedette de la BBC, victime comme la dit la presse britannique d'une "masturbation améliorée". On a retrouvé près de son corps une ceinture et un sac plastique.

 

Imprudence fatale

 

Le réalisateur Friedrich-Wilhelm Murnau (1888-1931) génie du cinéma muet (Nosfératu, Tabou) est mort officiellement des suites d'un accident de voiture. Deux rumeurs sont attachées à sa mort, la première parle de la malédiction d'un sorcier mélanésien qui lui aurait prédit une mort tragique et prochaine pour ne pas avoir respecté sa volonté d'éviter certains lieux de tournage pendant la réalisation de Tabou (passons...) l'autre, colportée par Kenneth Anger nous raconte qu'au moment de l'accident, il pratiquait une fellation sur la personne de son jeune chauffeur philippin (en fait un jeune employé de l'hôtel)

 

Cinéma, littérature et sociologie

 

Au cinéma :

Les Barbouzes
Dans le film "Les Barbouzes" de Georges Lautner (1964), parodie délirante des films d'espionnages, un marchand d'armes, Benar Shah, meurt dans le bordel clandestin de Madame Pauline "à la façon du président Félix Faure". C'est le point de départ du scénario du film.

La Grande Bouffe
Dans le film "La Grande Bouffe" de Marco Ferreri  (1973)  On assiste à une rare épectase cinématographique. Ugo Tognazzi, le cuisinier, veut se suicider par overdose de bouffe, mais la mort ne vient pas assez vite, la pulpeuse Andréa Ferréol, les larmes dans les yeux lui donne alors un coup de main (c'est le cas de le dire) en le masturbant, et l'orgasme aura raison de lui !


Comédie érotique d'une nuit d'été
José Ferrer meurt dans les bras de Julie Hagerty (dans "Comédie érotique d'une nuit d'été" - Woody Allen, 1982).

 

Etude : Allemagne 1966

La moitié des Allemands décédés d'une crise cardiaque en faisant l'amour ces 30 dernières années n'étaient pas en compagnie de leur femme dans leurs derniers instants, révèle un magazine allemand s'appuyant sur une étude du Centre de médecine légale de l'université de Francfort (ouest).

L'étude, qui a analysé 56 cas d'hommes décédés lors d'un acte sexuel sur une période de 30 ans, "montre que la moitié des victimes sont mortes dans les bras de leur maîtresse ou d'une prostituée, alors que seuls un quart d'entre eux sont morts dans le lit conjugal", explique le magazine "Image de la connaissance" dans son édition de juin.

Le quart restant a été victime d'infarctus en pratiquant un plaisir solitaire, ajoute le magazine.

L'étude se base sur 30.000 autopsies effectuées ces 30 dernières années, dont 60  (56 hommes âgés en moyenne de 59 ans et 4 femmes) ont conclu à une mort par arrêt cardiaque pendant un acte sexuel.

Les chercheurs n'ont pas encore d'explication rationnelle, mais certains suggèrent que les hommes montrent plus d'entrain lors de relations extraconjugales

 


Un peu de poésie

De l’extase à l’épectase

Faure, là, fut très fort, qui monta droit aux cieux

Marguerite marrie, fut dérobée aux yeux

Par un valet soucieux de notre république

Et qui ne voulut pas qu’à l’opprobre publique

Son maître fut livré. Précaution inutile

Le décès scandaleux fut connu par la ville

De la "Pompe funèbre" on dauba à tout vent

On rit dans les salons, même à l’enterrement !

Etait-il donc tendu de pourpre cardinale

Le petit nid d’amour d’où un jour s’envola

Cette âme visitant une prostituée

"- Daniel où t’en vas-tu ?" criait la pauvre femme

Mais il était trop tard, St Pierre avait sonné !

Et Pie IV en son temps chevauchant une belle

Piqua du nez, hélas (mais c’était au XVIe !)

De ces péchés de chair qu’on ne se scandalise

Qu’ils soient d’hommes d’Etat ou bien de gens d’église...

Ils sont hommes de goût puisqu’ils ont su mourir

Rendant grâce à Eros au summum du plaisir !

Marcek

 


Et Claude François ?

Trois mails successifs me demandent, soit, pourquoi je n'ai pas inclus le chanteur Claude François dans cette liste, ou mieux, ce que je sais (ou ce que je pense des circonstances de son décès) Comme si j'était mieux placé qu'un autre pour savoir !
J'ai d'abord eu envie de répondre que je n'en avait rien à cirer, (je n'aimais pas ce chanteur) avant de changer d'avis et de faire cette petite mise au point.

1) la version officielle est farfelue. On ne bricole pas une applique, les pieds dans sa baignoire. Mais des attitudes domestiques farfelues, allant jusqu'à entrainer le décès des personnes, il y en a tous les jours. Si vous avez un ami pompier, demandez lui ! Des anecdotes comme ça, ils en ont plein. A noter que cette version aujourd'hui officielle a longtemps coexisté avec une autre parlant d'un accident électrique avec un sèche cheveux (pourquoi deux versions ?)

2) La légende de sa mort par acte sexuel manqué, est apparu, dans les heures suivant le décès. Qui aurait bien pu colporter cette rumeur ? Dans quel but ? Donc indiscrétion non contrôlée au niveau de la police, des pompiers, ou ragot intégral ?

3) Il existait à l'époque des sex toys branchés sur le secteur, une électrocution par ce biais à partir d'un objet mal isolé, n'est donc pas invraisemblable.

4) en admettant que la version sex toys soit la bonne, il faut se mettre à la place de la famille, qui déjà éplorée n'avait aucune raison d'offrir au public une version embarrassante. Les crétins qui parlent d'hypocrisie, n'ont sans doute jamais connu de deuil. Il ne s'agit pas d'hypocrisie mais de décence.

5) on ne saura sans doute jamais la vérité, sauf si le rapport d'autopsie, un jour rendu public, nous le dit. En attendant tout est possible. 


 

Allez, on s'écarte un petit peu du sujet
Il faudrait mieux rigoler que faire l'amour, au moins ça ce ne serait pas mortel :

ne croyez pas ça !

Chrysippus (-279, -206), philosophe stoïcien grec :  fit boire du vin à son singe domestique, et s'écroula de rire (littéralement) en le regardant essayer, complètement ivre, d'attraper des figues.

Philemon (-362, -262) Poète comique grec, serait aussi mort d'une crise de fou rire provoquée par une de ses propres blagues alors qu'il allait être couronné sur scène à l'occasion de ses 100 ans !

Martin 1er d'Aragon (1356-1410) Meurt étouffé d'une double crise, de rire incontrôlable, mêlée à une indigestion.

Nanda Bayin  roi de Birmanie de 1581 à 1599 est mort de rire (littéralement) en apprenant de la bouche d'un marchand italien que Venise était une république !
Pierre l'Aretin
(1492-1556), auteur italien qui écrivit des choses très érotiques, était invité à un repas entre amis. L'un deux raconta une histoire grivoise qui lui provoqua un tel fou rire qu'il dégringola de sa chaise et se fendit le crâne !

Thomas Urquhart (1611-1660) Auteur écossais et traducteur de l'œuvre de Rabelais en langue anglaise. Saisit d'un fou rire fatal en apprenant l'obtention du trône d'Angleterre par Charles II (après la dictature de Cromwell)

 

Calchas : devin mythologique de la Grèce antique (et personnage de la Belle Hélène de Jacques Offenbach). Mopsos, un devin conçurent le voyant planter de la vigne lui prédit qu'il ne boirait jamais ce vin. Une fois celui-ci récolté, il invite son rival qui réitère sa prédiction. Calchas se marre comme un bossu et meut d'étouffement.

 

Dans le film "Rire et Châtiments" (Isabelle Doval, 2003), José Garcia fait tellement rire un de ces compagnons de table au restaurant que celui-ci se retrouve raide mort !


Notes
(1) il est ce sujet significatif de voir comment la garde catholique de wikipédia censure (pratiquement en temps réel) toute allusion à cette anecdote (même quand elle est énoncée au conditionnel)

(2) Il est également possible qu'il soit mort d'une mauvaise fièvre dans les bras de sa courtisane sans qu'il y ait eu d'acte sexuel fatal...

(3) Quelques précisions et documents sur cette affaire ici